Ah Maladie quand tu nous tiens!

Publié le par Mlle Capucine

  

 

 


Ils portent en eux le poids de leur maladie, dur de gérer! Faire avec l'intrusion d'un autre qu'on ne connait pas, qui touchera une partie ou tout leur corps, c'est devoir faie un travail sur soi pour accepter le regard de l'autre, son toucher, sa parole... Pas évident, quand on n'a même pas accepté sa propre maladie, sa déficience, sa transformation.

C'est là que quelque fois, moi, l'A.M.P. à domicile, je deviens l'exutoire, le bouc émissaire, la tête de turc. On déverse sur moi le flot de rancoeur, de détresse, de tristesse, qui envahit trop et qui n'a plus de place dans ce petit corps tassé, vieilli par les années et par la maladie.

La Maladie parlons-en! Elle me terrorise tout autant, pas facile de faire un métier qui pointe du doigt, de par ma nécessaire présence :pas choisie quelquefois subie, le handicap de la personne, sa dépendance.


VIOLENCE. ─« Je n'ai pas besoin de vous, je n'ai besoin de personne! » ─ «Je suis un pion pour mes enfants! Je peux encore me laver seule! » . Tant mieux, je ne souhaite que préserver votre indépendance, votre relative autonomie, je ne suis pas là pour vous enfoncer, et de continuer mon plaidoyer...
 
La Maladie : Alzheimer, ah on en parle tant, elle court elle court la maladie, elle fait peur, elle terrorise, elle questionne, elle secoue, elle nous pousse dans nos derniers retranchement...COUAC j'ai le souffle coupé!

 Chaque jour, à chaque intervention, la maladie se pose là face à moi, avec son lot de question qu'elle charrit, avec son lot de surprise aussi. Une démarche plus fluide, plus alerte pour Me X, le souvenir de mon prénom pour Me Y, de la joie et des rires pour Me Z. Ah quelle belle journée, quelle légèreté au bureau, je suis pleine d'espoir, allant jusqu'à l'illusion d'y avoir été pour quelque chose. Quel travail gratifiant!


 Ces moments d'accalmie dans l'inexorable descente dans la maladie qui fait peur, sont des moments de ressourcement. En effet, en tant qu'A.M.P. j'ai besoin de me ressourcer, c'est comme lorsque le matin je me jette à la figure l'eau glacée qui coule du robinet, c'est frais, c'est génial, ca me réveille, je respire...

Comment ne pas perdre pied, et garder ce si necessaire recul, pas facile quand on sait le degrés d'implication et l'énergie que l'on met à vouloir connaître la personne chez qui l'on va.

 

Publié dans Chronique sociale

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